France Nature Environnement 25 fait partie du dispositif de recherche CARELI : CAmpagnols, REnards, LIèvres
Quels sont les effets éventuels de la « protection » d’une population de renards comparés à son classement comme « espèce chassable et susceptible d’occasionner des dégâts (ESOD) » ?
Telle est la question à laquelle cherche à répondre le programme décennal CARELI, initié par un consortium regroupant le monde de l’agriculture, de la chasse, et des naturalistes, avec l’appui de chercheurs.
CONTEXTE ET OBJECTIFS
Le renard est une espèce dont les populations trouvent leur place dans de nombreux socio-écosystèmes caractérisés par leur complexité. En 2018, dans le département du Doubs, la proposition de classement du renard dans la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts a suscité de vives polémiques, les parties prenantes arguant, à propos des différentes composantes du socio-écosystème régional, d’effets négatifs de l’espèce (par exemple de prédation sur le gibier comme le lièvre ou sur des espèces patrimoniales, dégâts aux poulaillers, etc.) ou positifs (consommation de campagnols prairiaux posant problème aux agriculteurs, etc…).
Lors des débats de la formation spécialisée de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS), ses membres (agriculteurs, chasseurs, naturalistes…), au lieu de rester stérilement sur leurs positions, et actant du besoin de mesurer objectivement les effets d’une prise de décision réglementaire, se sont appuyés sur les chercheurs pour proposer collectivement un dispositif de recherche-action baptisé CARELI (pour CAmpagnol REnard LIèvre) visant, au terme de l’étude, la mise en place d’une gestion adaptative du renard.
Dans un premier temps, il s’agit de comparer les effets d’une différence de statut (espèce « protégée » comparée à « chassable et inscrite dans la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ») sur :
- Les populations de renards
- Les populations de campagnols prairiaux
- Les populations de lièvres
- La contamination du milieu par l’échinocoque alvéolaire
- Les dégâts aux élevages avicoles (poulaillers…)
- D’autres espèces et événements mesurables (espèces d’oiseaux nicheuses au sol, dégâts dans les exploitations agricoles…)
Ce dispositif pilote de surveillance concertée vise, à terme, non seulement à apporter un certain nombre de réponses objectives à des questions débattues en CDCFS, mais surtout à la création d’outils d’aide à la décision qui pourraient être adaptés à chaque socio-écosystème au niveau national en fonction des contextes locaux. Il vise également à poser les bases et les modalités d’une concertation réelle et apaisée entre les acteurs concernés par la gestion de systèmes complexes, multifonctionnels et multi-acteurs, y compris pour d’autres espèces que le renard, dans le contexte actuel d’effondrement de la biodiversité.
OU ET QUAND ?
Le campagnol terrestre est une source importante de nourriture pour les carnivores dans le Haut-Doubs. Ses cycles démographiques étant de 5-6 ans, il est indispensable que l’étude puisse se poursuivre sur plus d’un cycle, c’est-à-dire au minimum une dizaine d’années, et sur des étendues très larges incluant chacune une population de renards suffisante.
À partir de 2020, deux zones situées respectivement à une altitude de 500-700 m (région de Valdahon – Vercel) et 850-1000 m d’altitude (val de Mouthe), seront divisées chacune en deux :
- une sous-zone « renard protégé de fait »
- une sous-zone « renard ESOD »
L’ensemble correspond à 4 unités cynégétiques de la FDC25.
Pour chaque sous-zone, pendant 10 ans (incluant un cycle démographique complet du campagnol terrestre), les suivis présentés ci-après seront réalisés afin de mesurer les effets des deux types de gestion.
MESURES EFFECTUÉES
ASPECTS RÉGLEMENTAIRES
Le renard ne peut être réglementairement protégé dans les zones requises, comme le sont par exemple le chat sauvage et le lynx (il s’agit, pour ces espèces, d’une liste nationale), mais le préfet du département a le pouvoir de retirer le renard des espèces chassables et des espèces SOD, ce qui revient à une « protection de fait ». C’est cette option réglementaire que le préfet du Doubs a accepté de mettre en œuvre dans le cadre du programme CARELI.
FINANCEMENTS
En 2020, le programme Careli ne pouvait être que partiel, car auto-financé par les organismes qui l’ont mis en place et par la Zone atelier Arc jurassien. En 2021 une grande partie des tâches prévues, dont les pilotes, ont pu être réalisées grâce à l’appui complémentaire du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté dans le cadre du CPER 2021/2027, de la Zone Atelier Arc jurassien, de la DRAAF et de la DREAL BFC et du Muséum de la Citadelle. Depuis 2022, le Commissariat à l’aménagement du Massif du Jura s’engage via le FNADT à soutenir le programme sur 5 ans dans le cadre du CPIER 2021/2027 en complément des autres financements.
LE PROGRAMME EN VIDÉO
CONTACTS
La coordination administrative de Careli est assurée par Geoffroy Couval, FREDON Bourgogne Franche-Comté et Chrono-environnement.
Les porte-paroles exclusifs de Careli sont ceux mentionnés en note de bas de page ci-dessous, pour chacune des composantes.
NOTES
[1] **FREDON Bourgogne Franche-Comté** & **Fédération des syndicats d’exploitants agricoles du Doubs**, contact Careli : Geoffroy Couval
[2] **Fédération départementale des chasseurs du Doubs**, contact Careli : Pierre Feuvrier, directeur
[3] **France Nature Environnement 25** & **LPO de Bourgogne Franche-Comté**, contact Careli : Didier Pépin
[4]** Laboratoire Chrono-environnement**, contact Careli : Patrick Giraudoux et laboratoire de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Bourgogne-Franche-Comté et INRAE, contact Careli : Simon Calla