Que puis-je donner à manger à un hérisson ? La question est fréquente et née d’un bon sentiment, celui d’être utile et d’aider la faune sauvage. Mais faut-il nourrir les hérissons ? La réponse est non et on vous explique ci-dessous les raisons.
Le hérisson, un animal sauvage
Bien que le hérisson soit facilement approchable et qu’on l’aperçoive de plus en plus près des maisons, il n’en reste pas moins un animal sauvage.
La définition d’un animal sauvage est la suivante selon le site L’Internaute :
“Un animal sauvage est un animal qui vit dans la nature, au sein de laquelle il survit par ses propres moyens, c’est-à-dire sans le concours de l’homme (au contraire de l’animal domestique)”
Site de l’Internaute
Le hérisson doit donc subvenir à ses besoins par ses propres moyens. L’humain doit minimiser ses interventions afin de limiter son impact sur le comportement et la santé de l’animal. Ce petit mammifère doit trouver sa nourriture par lui-même dans son environnement.
Faut-il nourrir un hérisson avec des croquettes ?
De nombreuses personnes nourrissent les hérissons avec des croquettes, néanmoins celles-ci ne sont pas adaptées au hérisson. Tout d’abord, le hérisson est un animal opportuniste, c’est-à-dire qu’il va se nourrir de ce qu’il trouve. Même si les croquettes ne sont pas bonnes pour lui, elles représentent de la nourriture facile d’accès pour laquelle il y a peu d’énergie à dépenser pour l’obtenir. De plus, les croquettes ne sont pas trouvées naturellement dans la nature par le hérisson, elles ne peuvent donc pas être adaptées à ses besoins. Enfin, les croquettes ont de nombreuses conséquences à différentes échelles pour le hérisson et la nature :
- Sur sa santé :
- Cela entraîne des carences car elles ne satisfont pas tous leurs besoins nutritionnels.
- Des dysfonctionnement des reins et du foie sur le moyen et long termes.
- La transmission de pathogènes : à force de rassembler des individus normalement solitaires autour d’une même gamelle, on favorise la transmission de maladies entre eux.
- Les croquettes sont souvent trop riches pour le hérisson. Ce nourrissage peut mener jusqu’à l’obésité de l’animal. Obèse, celui-ci peut arriver à un point où il ne peut plus se mettre en boule, le rendant plus vulnérable à l’attaque de prédateurs.
- Les croquettes sont également des produits transformés pleins de conservateurs, de reliquats d’antibiotiques administrés dans les élevages. Elles ont donc un effet néfaste sur le métabolisme de l’animal et son système immunitaire, le rendant plus sensible aux pathogènes, maladies et parasites.
- Sur son comportement :
- Avec une accoutumance à ce nourrissage régulier. Les hérissons nourris régulièrement peuvent s’habituer à cette source de nourriture et chasser moins d’insectes et autres gastéropodes ce qui modifie l’équilibre de l’écosystème. De plus, cela revient à apprivoiser un animal sauvage en subvenant à ses besoins vitaux à sa place et à modifier son comportement naturel.
- Un point fixe de nourrissage peut augmenter les affrontements entre mâles pour l’accès à la nourriture
D’autres questions peuvent se poser : si la mère a appris à se nourrir à la gamelle, qu’apprendra-t-elle à ses petits ?
- Sur la Nature : les croquettes pour chats ou chatons sont de la nourriture industrielle qui est élaborée à partir de sous-produits de l’élevage industriel. Les modes de production des croquettes détruisent également les milieux de vie de nombreux animaux, dont le hérisson. La destruction de ces zones naturelles contribue aux bouleversements climatiques actuels.
Ces effets ne sont pas toujours visibles à l’œil nu et sur le court terme. Aider le hérisson, ce n’est pas le perfuser à l’humain mais bien ramener de la biodiversité au jardin pour qu’il y trouve par lui-même de quoi se nourrir.
Attention, le lait (produits laitiers de façon générale) et le pain sont toxiques pour le hérisson.
Comment aider le hérisson sans le nourrir ?
Le nourrissage part d’un bon sentiment mais comme nous vous l’avons démontré plus haut cela n’est pas bon pour lui. Néanmoins, rassurez-vous, il existe de nombreux gestes à mettre en place au jardin pour préserver ce petit mammifère :
- Donner un accès direct au compost à l’automne et au printemps pour qu’il puisse se nourrir des insectes et vers à l’intérieur. Celui permettra de faire ses réserves avant l’hiver et de reprendre du poids à la sortie de la saison froide.
- Laissez des herbes hautes, des zones en friche dans votre jardin pour favoriser les insectes, source principale d’alimentation de ce petit mammifère. A l’automne, n’hésitez pas à laisser au sol des feuilles jusqu’à décomposition, des branchages afin de soutenir le développement de la microfaune du sol.
- Laissez des feuilles mortes, des petits tas de bois, de l’herbe tondue, des branches pour lui permettre de se cacher et trouver de quoi faire son nid.
- Mettre en place une gamelle d’eau (peu profond, toujours y disposer un caillou pour les insectes, changer l’eau régulièrement, si possible à l’ombre).
- Mettre en place la Route du hérisson en créant des passages dans sa clôture, son muret ou sa palissade afin de favoriser les déplacements du hérisson. Assurez-vous toujours d’avoir l’accord du voisin ou de la voisine et que le jardin d’à côté est accueillant (ce n’est pas un cadeau pour le hérisson que de donner l’accès à un jardin plein de pesticides).
De façon générale, toute action favorisant la biodiversité au jardin permettra de ramener des insectes au jardin et de rendre votre terrain plus accueillant pour ce mammifère et pas que.
Comment faire si je nourris un hérisson régulièrement ?
Si vous nourrissez régulièrement un hérisson, diminuez progressivement la quantité de nourriture ainsi que la fréquence de nourrissage pour que cela ne soit pas un choc pour eux et qu’ils se réhabituent à devoir trouver leur nourriture par eux-mêmes.
Si vous disposez des croquettes pour les chats errants, il suffit de les placer sur un banc ou autre support un peu élevé pour que les félins continuent à y accéder sans que le hérisson ne les mange.
Autres conseils concernant le hérisson
N’oubliez pas que la faune sauvage est régie par la sélection naturelle : certains individus vont réussir à survivre et d’autres non. C’est comme cela que les espèces peuvent s’adapter aux changements de leur environnement, en développant de nouvelles stratégies de survie. A trop intervenir, on empêche les hérissons de s’adapter aux nouvelles contraintes de leur milieu de vie et plus particulièrement aux bouleversements climatiques actuels. Il est normal qu’un hérisson meurt de la prédation ou que certains individus ne passent pas l’hiver : c’est la sélection naturelle. En revanche, qu’un hérisson soit écrasé par une voiture ou empoisonné aux pesticides, non.
Lors des fortes chaleurs, vous pouvez être tentés de nourrir un hérisson. Même si en journée, lorsque les températures sont les plus élevées, il vous semble n’y avoir aucun insecte, n’oubliez pas que la nuit, c’est tout un nouveau monde qui s’éveille. En effet, de nombreuses espèces sont plus actives de nuit et le hérisson peut trouver bien plus de proies que vous ne le pensez. Alors laissez lui une gamelle d’eau à disposition et appelez un centre de soin de la faune sauvage si vous avez des doutes sur l’état de santé d’un individu.
Il se peut qu’un centre de soin vous préconise de nourrir ponctuellement un animal en détresse. Ce nourrissage doit se faire sur une période déterminée et ne doit en aucun cas se transformer en un nourrissage régulier. Un coup de pouce oui, l’interventionnisme non.
En conclusion, le nourrissage des animaux sauvages est à proscrire. Il vaut mieux ramener de la biodiversité dans son jardin pour que le hérisson y trouve lui-même sa nourriture que de le nourrir avec une nourriture non adaptée. En cas de doute, on se tourne vers un centre soin de la faune sauvage.